Le Guatemala, une histoire géologique tourmentée
Les coulées de boue qui ont dévalé le volcan Agua ont conduit à l’abandon de la première capitale du Guatemala colonial, renommée Ciudad Vieja.
Volcan Agua vu d’Antigua
Trois tremblements de terre au 18e siècle à l’abandon de la deuxième, renommée Antigua.
Ruines de la cathédrale d’Antigua
Un tremblement de terre en 1976 a fait plus de 23 000 morts, notamment dans la troisième capitale, Guatemala Ciudad, … qui n’a pas été abandonnée.
Mais le pays, ce ne sont pas que des ruines, le lac Atitlan a été qualifié de plus beau lac du monde par Alexander von Humboldt, le grand géographe allemand.
Lien vidéo : tour du lac Atitlan à pied et en bateau
Oui, mais ce lac est le résultat d’une superéruption, il y a 84000 ans, qui a recouvert le pays sous une couche de pierres ponces de 200 mètres d’épaisseur !
Pourquoi une telle activité ?
La subduction de la plaque Cocos, une sous-plaque océanique du Pacifique, sous la plaque Caraïbes (une plaque continentale, eh oui !), à la vitesse moyenne de 8 cm par an, entraîne la fusion des roches du manteau à une profondeur de 100 km. Le magma ainsi créé a généré une chaîne volcanique rigoureusement parallèle à l’océan de grands stratovolcans séparés de seulement 25 kilomètres en moyenne !
Activité actuelle
Trois complexes volcaniques sont en activité aujourd’hui.
Le Pacaya peut avoir des éruptions explosives comme en 2010 où les lapilli ont perforé les toits en tôle des villages voisins ou effusives comme en 2021 avec de grandes coulées de lave visqueuses.
Le Santiaguito a pris le relais du Santa Maria, dont 1/6 du volcan s’est volatilisé lors de l’éruption de 1902.
Un dôme de lave entretient une coulée de lave très visqueuse quasi statique et il connaît des explosions régulières (en moyenne 3 par heure) qui peuvent générer des coulées pyroclastiques (ou nuées ardentes), modestes comme dans cette vidéo mais parfois plus destructrices le long de la vallée à son pied.
Lien vidéo : l’activité du Santiaguito vue du sommet du Santa Maria
Le Fuego, le dernier-né d’un ensemble de 4 volcans tutoyant les 4000 mètres d’altitude, est le volcan le plus explosif du continent américain avec en moyenne de 4 à 12 explosions par heure avec des panaches de cendres s’élevant jusqu’à 1000 mètres au-dessus du cratère. Ce qui en fait le volcan le plus favorable à la photo du pays et même bien au-delà. Mais il peut avoir des phases éruptives plus violentes comme en 2018 : le panache est monté à 15 kilomètres au-dessus du sommet et l’éruption a causé 110 décès et au moins 200 disparitions (crise éruptive mal gérée par les autorités et habitants souvent inconscients du danger).
Photographier le Fuego
De jour, on ne voit que les panaches de cendre, cela peut être spectaculaire avec le bourgeonnement de formes en chou-fleur quand l’explosion est importante (la vidéo est alors plus adaptée que la photo).
A la tombée du jour, on peut distinguer les bombes volcaniques que l’on voit grises dans leurs trajectoires paraboliques liées à la gravitation.
Le spectacle change du tout au tout quand la nuit est tombée. On voit enfin le rouge des bombes volcaniques incandescentes qui n’est plus éclipsé par la lumière solaire. Le panache de cendres ne peut alors être vu que grâce à l’éclat des bombes. La prise de vidéos est surtout recommandée en début ou fin de nuit quand il y a encore assez de lumière. Mais les plus belles images sont prises en photo. La nuit permet de prendre des poses longues et l’extrême luminosité de l’explosion des poses rapides.
Les poses rapides mettent en valeur la vitesse du phénomène.
Pose 2 secondes
Les poses longues permettent de suivre tout le mouvement des bombes, de l’expulsion du cratère jusqu’à leur retombée et leur descente le long des pentes du cratère. Ce sont mes images préférées.
Pose 20 secondes
L’observation du Fuego se fait en toute sécurité depuis le volcan voisin, l’Acatenango. Si l’activité est régulière, on peut aussi gagner la Meseta, un ancien volcan décapité qui fait la jonction entre Acatenango et Fuego. C’est de là où a été filmée cette vidéo, conjointement par moi et notre guide, avec 3 appareils photos et un drone.
Lien vidéo : l’activité du Fuego en fin de nuit et début de matinée vue depuis la Meseta
RAPPEL DE L’INVITATION
Après une première conférence volcanique sur l’Erta Ale et les lacs de lave, je vous en propose une nouvelle, cette fois sur des volcans explosifs, ceux du Guatemala, un pays à l’histoire géologique très tourmentée.
Je vous présenterai d’abord une partie de cette histoire, et puis nous partirons à la découverte des trois complexes volcaniques actuellement actifs.
Ce sera aussi l’occasion de donner des exemples de différentes solutions pour prendre les volcans en images et des clés pour la compréhension de ces images.
Et nous terminerons par un feu d’artifice somptueux d’une dizaine de minutes.
Philippe Loriot.
Le plan de la conférence sera le suivant
- Les conséquences de l’activité sismique et volcanique au Guatemala
- Détente sur le lac Atitlan
- Subduction et volcanisme, particularité du Guatemala
- Le volcan Pacaya
- Les volcans Santa Maria et Santiaguito
- Présentation des volcans Acatenango et Fuego
- Filmer ou photographier l’activité du Fuego
- Feu d’artifice final depuis la Meseta