Voici un texte, comme savait les écrire Francis, qu’il avait composé, voici quelques mois, affrontant déjà la maladie d’Alzheimer.
Le temps qui passe est comme une voile
Qui tombe lentement à l’avant de la scène.
L’artiste est là, coléreux ou amène.
Esprit brillant muscle puissant,
Se font la paire au fil du temps.
L’idée se planque dans les méandres du cerveau,
L’esprit hier pétillant se noie dans un verre d’eau.
Idées subtiles ou doux émois friands…
Mais pour savoir pour qui, pourquoi,
Est une belle source de tracas.
Mis bout à bout, cela vous use.
On peut encore être triste ou joyeux,
Mais pourquoi savoir pourquoi, adieu !
Il faut coucher illico sur le papier
Les belles pensées avant de les oublier.
Le papier lui-même doit être sauvé
Pour avoir une chance, un jour, d’être trouvé….
Les bonnes résolutions, on les prend à la pelle.
Avant le chant du coq, elles se sont fait la belle.
Restent les grands savants, fouilleurs de matière grise.
Dans ce monde filandreux ils cherchent la terre promise,
Cet abracadabra, ce remède miracle
Qui pourrait bien un jour enrayer la débâcle.
Mais pour que leurs recherches avancent vaille que vaille,
Il leur faut recruter une cohorte de cobayes.
C’est pourquoi j’ai rejoint cette troupe d’élites.
Pendant près de deux ans on va nous diffuser
Le xxxxxx, une potion magique
Qui pourrait empêcher la mémoire de s’user.
Si ça pouvait marcher ce serait magnifique.
Ah ! Retrouver enfin certitudes et confiance
Quand j’entraîne ma vie aux méandres de la danse !
Entrer en réunion confiant, la tête haute,
Fort d’un travail mené sans erreur et sans fautes !
Pouvoir téléphoner aux amies, aux copains,
Sans avoir à plonger, sans cesse, sur le bottin !!!
Pourtant certaines choses me semblent encore aisées :
Résoudre un SUDOKU, finir des mots croisés,
Écrire des poèmes, car malgré les revers
D’une mémoire flageolante, je reste un fan des vers !
Et puis il y a la POTERIE, cet espace magique
Où, entouré d’amis et d’une prof du tonnerre,
On cogite, on malaxe, on fait sortir de terre,
De cette masse d’argile aux allures cubiques,
Au gré des sentiments, au délire des pensées
Un oiseau, une nymphe, bref une pièce de musée.
Il reste de ces heures mille joies partagées
Francis
Lien vers l’ensemble du poème en format PDF (une page A4)