La quête d’une vie : le Brevet des Provinces Françaises à vélo

La quête d’une vie : le brevet des provinces françaises à vélo

J’ignorais en 1983 lorsque j’ai commencé ce brevet de la Fédération Française de Cyclotourisme (FFCT), le Brevet des Provinces Françaises (BPF), que j’allais mettre quarante ans à le réaliser. Ce brevet a pour objectif de se rendre à vélo dans 534 sites, communes, villages, lieux de France afin d’apposer sur une carte (89 cartes avec 6 lieux) un tampon ou une photo comme témoignage du passage à ce point défini.

Les tampons sont obtenus dans des commerces, office du tourisme, café, restaurant, mairie, poste, pharmacie, l’occasion de discuter avec les habitants. Certains sortent déjà le tampon en nous voyant arriver ! Certains acceptent de valider notre passage sans consommation ; d’autres pas ! Et désormais avec les regroupements de communes, nous veillons à ce que les tampons des OT mentionnent le nom de la localité (exemple : à Cancale, c’est l’OTSI de St-Malo). Ce brevet est entièrement basé sur la confiance ; d’ailleurs le cyclotouriste ne tromperait que lui-même…

Donc le 24 avril 1983, mon premier pointage a été effectué à Apremont-sur-Allier, dans le Cher, et avec mon mari, à partir des années 1986, ce fut la quête de ces 500 tampons, au départ plutôt de manière opportuniste, et depuis une vingtaine d’années, de façon beaucoup plus sérieuse et organisée. Elle est devenue l’objectif de nos vacances, à vélo et en camping-car pour nos déplacements et hébergements. Nous avons rempli la totalité du brevet en juillet 2023 avec notre dernier pointage dans l’Ariège à Lordat. Notre trophée nous a été remis le samedi 27 janvier 2024 lors de l’assemblée générale du comité départemental de cyclotourisme de Côte-d’Or.

Le brevet comporte 89 départements (toute la région parisienne est regroupée en 2 départements), avec 6 sites par département, définis par la Fédération dans les années 1950 – 1960 ; alors parfois, les sites changent car, dans certains villages, il n’est plus possible de pointer du fait de la mort des commerces (exemple : le site de La Rochepot en Côte-d’Or remplacé récemment par la bourgade de Bèze). En voici la liste sur une carte de France sur le site de la FFCT. Beaucoup de villages de la liste sont aussi « plus beau village de France » ou « petite cité de caractère », des labels touristiques plus récents.

Les souvenirs qu’il me reste après ces 40 ans de découverte de la France à vélo,

• C’est la montée vers le chalet du Gioberney dans la vallée du Valgaudémar, beaucoup plus difficile à mon avis que le Ventoux que j’avais pu monter la même année, avec ses cascades (cette région est qualifiée en hiver de « petit Himalaya »),
• C’est la montée vers la Bérarde au départ de Bourg-d’Oisans avec notre fils alors âgé de 11 ans (en fait, ce chalet est l’autre côté du versant du massif des Ecrins par rapport au Gioberney) ;
• C’est la montée du col du Tourmalet lors d’une randonnée de 100 km (qui s’appelait « la randonnée du Tourmalet ») le 15 août 1994, avec notre fils Julien dans la remorque tractée par son papa (sa dernière sortie en remorque ; l’année suivante, il était sur une troisième route), montée par La Mongie avec la nécessité pour mon mari de s’arrêter à chaque kilomètre juste avant le sommet parce qu’il y avait beaucoup de circulation et que la pente était raide ; mais dans la descente, notre fils imitait le bruit d’une voiture de course !
• C’est la visite de Belle-Île au départ de la Trinité-sur-Mer à la mi-août avec au retour les vélos qui allaient plus vite les voitures bloquées entre la presqu’île de Quiberon et le continent.
• C’est en ce dernier mois de juillet, la grimpée à pied en poussant le vélo des 2 km pour atteindre l’abbaye de Saint-Martin-de-Canigou et la même chose dans la descente bien trop raide et un revêtement de très mauvaise qualité !
• Je me souviens aussi de Briare et de son pont-canal où j’ai oublié les cartes chez le commerçant et mon mari qui a dû fait demi-tour pour aller les chercher
• Ou encore de Bozouls dans l’Aveyron et son trou, un méandre du Dourdou qui forme un canyon très encaissé dans le calcaire du causse …
• C’est l’Aubrac, sauvage et reposant, découvert en allant pointer Saint-Urcize dans le sud du Cantal, région que j’ai revue lors de la portion du chemin de Saint-Jacques de Compostelle
• C’est aussi la Lozère, tant du côté du Causse Méjan (Aven Armand) et Les Vignes dans les Gordes du Tarn que le nord du département (Châteauneuf-de-Randon, Grandrieu), pas trop difficile en dénivellation et peu de circulation.
• Et bien d’autres encore !

Par rapport aux journées régionales AIRBP réalisées ou à venir, Batz-en-Mer, Saint-Bertrand-de-Comminges, Pérouges, Beaune faisaient partie de notre liste.

Cela reste pour nous plein de souvenirs et cela nous donna surtout l’occasion de rayonner dans toute la France à vélo, en faisant plus ou moins de kilomètres pour se rendre sur les sites. Ce qui faisait que souvent mes interlocuteurs étaient surpris que je connaisse telle ou telle localité perdue dans le fin-fond de la France.

En parallèle de ce brevet, il existe un autre brevet ‘Brevet Cyclotouriste National’ (BCN) avec un seul point par département (parmi les 6 proposés par département) dans toute la France, donc 89 points. Nous avions pointé la totalité en 2011 ; nous avons recommencé et nous allons terminer un deuxième tour de France en cette année 2024. Mais recommencerons – nous pour un troisième ; on verra !

Et désormais, nous prendrons un peu plus de temps pour visiter les localités où nous n’avons fait que passer.

Chantal Brousse, 28 janvier 2024